vendredi 16 mars 2018

Le coin de Jean Claude : les explorations modernes de la Route de la Soie



Les explorations modernes de la Route de la Soie :

Rappelons que le périple de Marco Polo ne s'identifie pas à la « Route de la Soie » ; il n'en a suivi qu'une partie, mais l'a largement dépassée. Cependant on ne peut passer son « Devisement du monde » tant elle a eu de répercussion sur l'appétit des futurs explorateurs.  Son itinéraire fut original : il a pratiquement suivi toute la Route maritime de la Chine à l'Inde jusqu'au détroit d'Ormuz.
D'autres voyageurs et aventuriers ont suivi eux aussi la Route de la Soie, quelquefois contre leur gré, le commerce des esclaves et des chevaux rejoignait parfois celui de la soie.
Des voyageurs célèbres comme Ibn Battuta au 14e siècle ont passé leur vie à voyager et à relater leurs voyages . Ce sont ces voyageurs écrivains qui ont rapporté la légende de certaines cités. Enfin il faut accorder une place à part à ceux qui sont allés chercher des livres pour pouvoir les traduire. …...........Diversité des époques, des courants et des motivations...
Beaucoup de villes ont disparu soit par faits de guerre, soit à la suite de tremblements de terre ou de variations climatologiques. Le trafic commercial s'est déplacé pour des raisons économiques, politiques ou techniques (un bateau peut emporter plus de volume qu'une caravane de chameaux).

Au 19e siècle,l'expansion des nouveaux empires Ottomans et Russes sur le plan continental, britanniques et autres pays d'Europe sur le plan maritime, ont  effacé  la Route de la Soie. Tachkent a supplanté Samarkande. Entre deux conflits, les recherches archéologiques se sont succédé ainsi que des explorations scientifiques et des épopées comme la croisière Citroën visant à relier deux extrémités du continent.
Ces recherches archéologiques qui ont permis de découvrir des civilisations oubliées, des tombeaux improbables, la réalité d'une histoire évoquée par des écrits parfois fondés sur des témoignages et souvent difficiles à traduire ont rapporté des connaissances étonnantes. Au 19e-20e siècle, parmi les noms les plus cités, on retrouvera :
Sven Hedin (1865-1952) suédois qui fut le premier à explorer les ruines du Taclamacan.                                                                                       Aurel Stein (1862-1942)britannique , qui emporta 7000 manuscrits des grottes de Mogao .         Albert Von Le Coq (1860-1930) qui fit une razzia au profit du Musée ethnologique de Berlin. 
Paul Peillot (1878-1945) français, qui achète des manuscrits d'une  grotte de Mogao (près de Dunhuang) et étudie des écritures dans des langues inconnues jusqu'alors.                                               Voir en annexe les détails de leurs explorations et découvertes.

Les épisodes des deux guerres mondiales, puis de la Guerre froide n'ont pas permis de poursuivre librement des recherches,  qui reprennent cependant et notamment en Ouzbekistan et en Chine .
 Entre tourisme, études d'histoire et civilisations, beaucoup de personnes se sont déplacées le long de cette route, en avion, en camion,  en chameaux et chevaux, en  half-track, et à pied... en évitant le désert, en le négociant, ou en s'y enfonçant au péril de leur vie.
Je recommande à ce propos le récit passionnant d'un  voyage à pied tout au long de la Route de la Soie par Bernard Ollivier qui relate cette aventure moderne dans son livre « Longue marche » chez Phebus libretto . Des connaissances, du talent, de la folie, de la lucidité...

Depuis, les découvertes continuent , de la Baltique au Si-Chuan en passant par les oasis oubliés.

Le coin de Jean Claude : Découvertes archéologiques





Annexe à l'article les explorations modernes de la RS : Découvertes archéologiques
Aurel Stein, Sven Hedin, Von Richtoffen, Von LeCoq et jusqu'à Victor Mair
Les enjeux des recherches archéologiques.

Sir Aurel Stan (1862 Budapest- 1943 Kaboul), après des études de philologie et de topographie, part refaire une partie du périple du moine bouddhiste chinois quasi légendaire XuanZang. Il recherche notamment des manuscrits bouddhiques au Cachemire. Il découvre en Chine les grottes de Mogao, où sont entreposés une énorme quantité de manuscrits d'une valeur inestimable, mis à l'abri des pillages à l'époque des guerres. Il se passionne pour la découverte du Gandhara, et décrit les oasis de Kashgar et Yarkand.

Sven Hedin (1865-1952) géographe , topographe, photographe explorateur, élève de Von Richthoffen (1833-1905) géologue, géographe, qui a fait évoluer en son temps le concept de géographie physique et humaine, et qui fut l'inventeur du terme Route de la Soie pour évoquer l'ensemble des phénomènes qui se concentrent sur une région. Hedin est l'auteur de cartes détaillées du Pamir, du Taclamacan, de l'Himalaya et de l'ancienne route de la soie. Il se passionne pour la recherche de villes anciennes.

Albert Von Lecoq (1860-1905 Berlin ) s'intéresse aux échanges entre l'Asie centrale et la Chine à une période antérieure au bouddhisme. Ses écrits ont été exploités tardivement (du fait de ses sympathies nazies).
Le Kaiser Guillaume II envoie une expédition en Asie dans une visée coloniale afin de ratrapper le retard de l'Allemagne sur l'Angleterre, la France, l'Espagne, la >Hollande et le Portugal... Les expéditions comprennent des archéologues qui recherchent des traces de la présence grecque sur l'itinéraire de la Route de la Soie. Effectivement certains détails de statues des temples bouddhistes sont clairement influencés par la statuaire grecque notamment au niveau des drapés et des positions.

Paul Pelliot (Paris 1878-1945) Impossible d'ignorer cet érudit et aventurier de la Route de la Soie.
Après des études de langues orientales, il est missionné pour constituer une bibliothèque chinoise. Il s'intéresse en particulier à la philologie (étude des textes) historique de l'Indochine vue par les Chinois, à l'histoire des civilisations turques et mongoles, aux grands voyageurs chinois et européens. Il publie de nombreux articles sur des sujets divers de civilisation comme  le manicheisme, les voyages maritimes chinois, Marco Polo, le Tibet, la Horde d'Or... et la croisière Jaune Citroën !
Il est surtout connu pour avoir réussi a acheter des manuscrits précieux qu'Aurel Stein n'aurait pas découvert ou estimé dans les grottes de Mogao, manuscrits antérieurs au 11e siècle et rédigés en chinois, tibétain, sanscrit, kooutchéen, khotanais, sogdien, d'une importance évidente pour l'étude de l'Asie centrale et de la diffusion du bouddhisme par la Route de la Soie. Villes de passage : toutes et en particulier Kashgar, Turfan, Dunhuang, Wuwei, Langzhou, Xian.

Quelques découvertes évènements de l'archéologie contemporaine :
Une sépulture datant de la dynastie des Han (2 siècles avant et après J-C) comporte un vase en argent massif pour le frère de lEmpereur. Sépulture découverte au Sud-Est de la Chine...
De nombreuses preuves attestent d'une influence grecque jusqu'en Chine malgré les obstacles de l'Himalaya et des déserts de Gobi et du Taclamacan.

Selon un manuscrit médiéval, les Celtiques, puis les Hittites et les Germains ont parcouru l'Asie Centrale . On retrouve des traces de leur présence soit dans  des sépultures, soit sur des sites de part et d'autre des supposées routes de commerce (objets européens en Asie ou objets asiatiques en Europe)

Le sinologue américain Victor Mail découvre des momies clairement d'origine européenne (homme de race blanche blond-roux portant des tissus d'origine celte datant de plus de 3200 ans en plein désert de Taclamacan ! Selon lui, des échanges commerciaux auraient déjà eu lieu à l'âge du bronze avec la population chinoise !

La découverte d' un immense mausolée créé pour le premier empereur de Chine (dynastie Qin début 3e siècle avjc) fut un immense évènement très médiatisé. On a pu notamment admirer des représentations très différentes de celles des techniques chinoises traditionnelles.  La découverte de ce mausolée révèle des types de visage européen et une connaissance de l'anatomie héritée des grecs pour  le réalisme stupéfiant des représentation d'hommes et d'animaux. Cette découverte prouve que la Chine était assez perméable aux influences venant d'Asie centrale et du monde gréco-romain.



le coin de Jean Claude : Au temps des croisades



Au temps des Croisades, les villes de Jérusalem, Antioche, Alep, Bagdad, Damas, Mossoul ne sont pas toujours très sures pour le commerce....
                                 J
En 1055 le turc Toghrul Beg s'empare de Bagdad, en chasse les vizirs chiites et met le Calife abasside sous tutelle. Il prend le titre de sultan. Toghrul Beg appartient à la dynastie Seldjoukide qui a adopté la religion musulmane sunnite. Son successeur Arp Aslan s'empare de l'Arménie, de Damas et de Jérusalem . Alors que les Fatimides d'Egypte avaient laissé libre accès aux chrétiens, les turcs, ayant massacré la population de Jérusalem, empêchent les Chrétiens y compris les pélerins d'y accéder.
 Urbain II en 1095 prêche alors  la 1ère croisade pour aider Jérusalem et aider les Byzantins qui ont perdu leurs territoires en Anatolie, lieu de passage vers la Terre Sainte. Les Croisés reconquièrent Antioche, puis Acre, puis Jérusalem.
 
En 1146 Nur ad Din (Nouredine) émir d'Alep depuis 1146 prend Damas en 1154. Chef de guerre musulman sunnite, il veut unifier l'Egypte et la Syrie. Le Califat chiite Fatimide est au pouvoir en Egypte suite à l'expansion arabe. Mais auparavant il doit combattre les Francs (ainsi appelle-t-on les Croisés de France, de Germanie, alliés des Byzantins. Nuredine attaque Antioche puis fait livrer bataille par son général (Shirkuh)contre le vizir égyptien Shawar, lequel n'hésite pas à demander le secours des Francs. Shirkuh confie à son neveu Salah el Din la défense d'Alexandrie et d'Al Qahira (le Caire). Le Calife nomme Saladin vizir. Mais Nouredine demande à Saladin d'abolir le Califat chiite, ce que Saladin refuse.

Nouredine meurt avant de pouvoir intervenir, mais les religieux sunnites prennent le pouvoir et le Califat est déposé de fait. Le Calife meurt et Saladin abolit le Califat mais s'abstient d'attaquer le royaume franc de Jérusalem. Il se déclare néanmoins vassal du jeune héritier de Nouredine. Il s'impose au titre de Régent à Alep et Damas. L'héritier meurt :  il devient le maître de la Syrie et de l'Egypte  à l'exception des territoires tenus par les Croisés sans compter l'opposition chiite dont les plus violents tentent de l'assassiner. Il envoie des troupes pour attaquer les Croisés qui assiègent Damiette (sur l'estuaire du Nil) et fortifie Al Qaira sa capitale. Le siège de Damiette entrepris par Amaury est levé. Amaury décède en 1174. Décidément, Saladin ne porte pas bonheur à ses ennemis...

Peut-être avez vous vu le film de Ridley Scott « Kingdom of Heaven » évoquant les efforts de paix et les fauteurs de guerre de part et d'autre.  Evoquons brièvement l'histoire...

Saladin conclut des traités avec les Francs en 1180 notamment avec Raimond III de Tripoli, Baudouin IV le Lépreux, roi de Jérusalem et Guy de Lusignan. Mais l'infâme Renaud de Châtillon par ses actes de brigandage et ses massacres oblige Saladin à reprendre la guerre.
Il défait les Francs à la bataille de Hattin. Renaud de Châtillon est exécuté ainsi que les Templiers compromis avec lui. Saladin laisse la vie sauve à Lusignan ainsi qu'à la population de Jérusalem autorisée à regagner les terres chrétiennes. Antioche et Tripoli résistent, avec l'appui de la 3e croisade (Barberousse d'Allemagne, Philippe Auguste pour la France, et Richard Coeur de Lion pour l'Angleterre. Barberousse se noie, Philippe Auguste a hâte de retourner en France, Saladin sympathise avec Richard Coeur de Lion. Il conclut avec lui un traité autorisant les pélerins à se rendre à Jérusalem.

Homme sage et courageux, fin stratège, et disposant d'un bon service de renseignements, Saladin laisse son nom dans l'histoire par le respect que ses ennemis lui reconnaissent.
Plus tard, le sultan mamelouk d'Egypte, profitant des divisions européennes reprendra les territoires francs. En 1517 l'Egypte et la Syrie seront intégrés à l'Empire Ottoman.

Le coin de Jean Claude : Histoire de l'Ouzbekistan



Histoire de l'Ouzbekistan    Histoire de l'Ouzbekistan Wikipedia  notes

Préhistoire : Amour Daria Civilisation de l'Oxus
   Scythes ? Sogdiens nomades se sédentarisent Armes de bronze Chars à chevaux Khorezm Sogdiens et Bactriens
5e s av JC  Afrasiab fondée par un Touran (peuple provenant d'Hephtalites et Karakhanides

Antiquité : 545-540 avJC Cyrus II intègre cette région dans l'Empire Achéménide avec la Parthie .
327 avJC  Conquête par Alexandre le Grand de la Bactriane, puis de la Sogdiane
après de difficiles combats . Alexandre épouse une princesse Sogdiane.
Hellenisation du pays sous le règne de Seleucos, général d'Alexandre. Royaume Séleucide, puis Royaume Gréco-Bactrien indépendant.
250 avJC

1er siècle avJC à 2e siècle apJC : Les Yueshi et les Sakas envahissent le royaume qui se déplace vers le Sud-Est alors que les Parthes occupent l'Ouest de la Bactriane.
Le Ferghana à l4est devient indépendant.
Montée de l'Empire Kouchan entre 105 et 250 apJC

3e-4e s apJC lutte des Sassanides (perses) contre les cavaliers nomades Huns
(Moyen-Age occidental)

6e siècle : Les Kokturks s'allient aux Perses contre les Huns Hephtalites (ancêtres des Ouzbeks) qu'ils repoussent en 560 près de Boukhara.
Les peuples nomades Turks émigrent vers l'Ouest : diversification en turks orientaux et occidentaux.
Alliés aux Ouigours, les Chinois évincent les Turcs des déserts de l'Ouest
712 : Les Arabes tentent d'islamiser de force la Région : les Sogdiens Bactriens Kouchites sont Mazdéens (Zoroastre/Zarathoustra) ou Bouddhistes. Révolte des Sogdiens ; ceux-ci alliés aux Turcs détruisent les garnisons arabes. Insurrections jusqu'au Khorassan. 

Fin 8e siècle : Chute des Arabes Ommeyades et début de la dynastie Abbasside,
suite à une lutte interne entre Damas et Bagdad. Début des grandes constructions et de la Science Arabo-Perse.
819. Reprise du pouvoir par une dynastie perse : Qarakhanides, puis Seldjoukides de religion musulmane chiite. La Transoxiane reste une région périphérique en relation avec les turks, les Perses, les nomades et les Chinois.

Installation du royaume du Khorezm (9e-12e siècle)alors que Gengis Khan a réuni la Mongolie. Suite à l'assassinat de ses ambassadeurs par le sultan du Khorezm, Gengis Khan envahit le Nord de l'ensemble persan. Dévastation de Samarkande en 1220.
La Transoxiane fera partie de l'Ilkhan Djagataide (Djagataï fils de Gengis Khan
1227-1255) et Deviendra le fief de Tamerlan (1336-1405) dont l'Empire timouride ne durera que 3 générations.

Les Chaybanides (de Chayban fils de Djotchi 1er fils de GK) mongols musulmans s'installeront dans la région définitivement :
la majorité de la population est constituée du peuple OUZBEK.

lundi 19 février 2018

le coin de Jean Claude : les voyageurs de la Route de la Soie



Les Voyageurs de la RS

Religieux, cartographes, diplomates et marchands : quels voyageurs ?
Marco Polo n'est pas le premier voyageur connu à avoir effectué un voyage d'Europe en Chine.
Le franciscain Jean du Plan Carpin  envoyé par le pape en 1245 vers les Mongols, laisse de son voyage une grande description de l’Asie centrale. Ce franciscain gagne Kiev en Ukraine, qui est occupée par une garnison des Mongols de la Horde d'Or.  Batu Khan (neveu d'Ogodai, fils de Gengis Khan) le fait escorter jusqu'à Karakorum. A son arrivée, il assiste au couronnement du nouveau Khan, Guyuk, et s'aperçoit qu'outre un Européen, il rencontre des chrétiens nestoriens de l’Eglise de Syrie. Sa mission suscite de la part du Khan de l'incompréhension de par l'arrogance du pape, de par un système politique incompréhensible pour lui.
André de Longjumeau  envoyé en 1245-1247 et de 1249 à 1251 est un moine dominicain envoyé par  le pape Innocent IV vers les princes mongols auxquels il doit remettre une correspondance. Il rapporte que des moines nestoriens (de l’église syrienne) sont employés par le khan pour des missions administratives. Des chrétiens sont donc admis à la cour mongole. Par contre des négociations de paix passent nécessairement pour les Mongols par une soumission. Longjumeau s’arrête à Tabriz.
Guillaume de Rubrouck prend connaissance de ces rapports.
Guillaume de Rubrouck (Rubroek) envoyé par Saint Louis 


en 1254 est un franciscain, venant de Flandres.  Il constatera lui aussi qu'à la cour du Khan (qui a déjà changé, il s'agit de Mongke) on peut rencontrer des Nestoriens (chrétiens d'Orient) des musulmans, et des » idolâtres » (il s’agit en fait de bouddhistes à cause des représentations du Bouddha). La mission de Guillaume de Rubrouck consiste à rechercher l'alliance stratégique du Khan dans une lutte commune contre les musulmans, et si possible la conversion du Khan au christianisme. Le périple de Guillaume de Rubrouck passe par : Acre, Constantinople, la Crimée, Sarai, le lac Baïkal près de la Volga, et atteint la région de Talas (sans passer par Boukhara ni Samarcande, passe par le Taclamacan pour arriver à Karakorum, capitale Mongole fondée par Ogodeï,  fils de Genghis. Karakorum  ne possède pas de monuments, ni de forteresse impressionnante, et pourtant elle est un lieu de rendez-vous de tous les peuples qui sont en relation avec l'Empire : c'est un immense site de campements. Karakorum restera capitale mongole jusqu'à ce que Kubilai Khan installe sa capitale en Chine à Kanbalik (qui deviendra Pékin) en 1260.          
Guillaume de Rubrouck écrira en latin pour Saint Louis un Voyage dans l'Empire Mongol très bien documenté mais qui ne sera pas beaucoup diffusé. Cette œuvre est reconnue pour être à la fois rigoureuse, bien documentée et d'une grande utilité (géographie, mode de vie des peuples, religions etc).
Voyages de Marco Polo :
En 1271 Marco Polo fils de marchands vénitiens part avec son père et son oncle vers l'Extrême Orient dont il ne rentre qu'en 1295. Ses récits de voyage où il décrit les coutumes et curiosités des pays qu'il a traversés, de la Route de la soie jusqu'en Chine et de la vers des territoires vassaux du Khanat de Mongolie et jusqu'en Inde, vont avoir un énorme succès.            
 Le nouvel empereur de Chine est le frère de Mongka à qui il a succédé. Il est en même temps le Grand Khan  Kubilai          
On en parlera plus tard car c’est une longue histoire !
Voyage d'Odoric de Pordenone (1286-1331) envoyé en Orient vers 1316-1318 et qui en reviendra vers 1329-1330. Son voyage, qui a pour but de visiter les missions franciscaines qui se sont répandues en Orient, passe par Venise, Constantinople, Trébizonde, Tabriz, , Yazd* puis bifurque vers le Sud par Persepolis, Shiraz, Bagdad, Ormuz, par mer jusqu’à Bombay (où il récupère les reliques de 4 frères qui ont été tués sur ordre du gouverneur musulman), puis à partir de Madras, vers  Java, Bornéo, vers la Chine où il arrive à Hangzhou ville énormément peuplée pour l'époque. Enfin par le Grand Canal de Chine, il arrive jusqu'à Kanbalik (Pékin). La description de ce qu'il a observé en Indonésie et sur la péninsule indochinoise  est assez proche de ce qu'en a donné Marco Polo.
 
Voyages de Ibn Battuta  (p 282)à partir de 1325 . né à Tanger en 1304 et mort en 1377 à Marakech, Ibn Battuta se rend à la Mecque à quatre reprises en suivant des chemins différents et en prolongeant son voyage par d'autres pays.
En 1325 du Maghreb à la Mecque : il visite le Nil (Alexandrie et sa bibliothèque en particulier) la Syrie, l'Irak et l'Iran (Mésopotamie et Perse). Nous sommes encore à cette époque à l'Ere des croisades, reprise de Jérusalem par les musulmans (Dôme du Rocher) importance stratégique de villes comme Alep(citadelle), Damas. (mosquée des Omeyades)
. En1328 2e pélerinage par la péninsule arabique. Il constate que Bagdad a été ravagée par les Mongols de Ulagou, et que Tabriz qui s'est rendue sans combattre est devenue prospère. En 1330, 3e pélerinage , avec exploration de la Turquie, de la Mer Noire, de l'Asie centrale jusqu'en Inde, Ceylan, Sumatra, la Malaisie... et la Chine à Pékin/Kanbalik. Ce dernier voyage recoupe en partie celui des Polo père et fils. Il décrit ce qu'il y a observé, notamment la houille, les billets de banque(inventés par la dynastie Mongole), la porcelaine, la laque, ainsi que les méthodes de contrôle de la population (douanier et policier)par le pouvoir sino-mongol.En 1349 et jusqu'en 1354, il rejoint La Mecque par le Sahara et l'ancien Mali.
Mais d’autres voyageurs fameux sont venus de Chine :
Bien sûr le Général Zhang Kien qui en mission diplomatique et de renseignement est sorti de Chine par les déserts du Nord-Ouest pour découvrir le monde de l’autre côté des murailles de Chine et si possible de l’autre côté des ennemis XiongNu pour tenter de nouer des alliances et fut fait prisonnier.
D’autres chinois se sont ainsi « échappés » : le moine bouddhiste Fa-Xian (337-422) part de Chang’an la capitale de l’époque traverse le désert de Gobi, arrive à Khotan (sud du Taclamacan), arrive par les chemins difficiles que l’on sait jusqu’à la région de Kaboul et de la vers la Vallée du Gange. Sa quête , Les textes sacrés bouddhistes et leur traduction en chinois, l’exploration géographique et historique, la rencontre de sages et de savants. Il passe par Ceylan (sans doute pour reprendre la route par voie maritime, mais je n’ai pas pensé à le lui demander).
Xuan Zang (602-664) moine bouddhiste érudit, ayant des doutes sur la qualité de certaines traductions (du sanscrit au chinois) décide de se rendre (clandestinement car la Chine vient de fermer sa frontière) sur les lieux de la prédication de Siddharta (le Bouddha) au Nord de l’Inde. Gobi, Lanzhou, Turfan (Nord du Taclamacan)et par les contreforts Ouest de l’Himalaya, l’Inde. Voir la fiche pédagogique « Un moine légendaire » ; il est très connu en effet en Chine et les pays voisins bouddhistes…
Zheng Wen Ming  (635-713) moine bouddhiste sous la dynastie Tang décrit ses voyages vers l’Indonésie et l’Inde de l’Est.
Les derniers venus parmi ces voyageurs -  et sans parler de tous les aventuriers et commerçants qui auront l’occasion de pénétrer en Asie notamment par voie maritime lors des expéditions lancées par les « compagnies des Indes orientales » des pays européens (Portugal, Espagne, France, Hollande et Angleterre) sont des scientifiques en mission d’exploration du passé (parfois en mission de renseignement). Géographes, cartographes, historiens, bref : archéologues. Ces archéologues tenteront de retrouver les traces de villes et de civilisations disparues mais dont ils ont eu connaissance par les livres et manuscrits grecs, syriens, arabes, persans, et chinois.. 

(la suite avec : Les explorations modernes de la Route de la Soie)

Le coin de Jean Claude : le périple d'Erythrée



Le périple d'Erythrée  (Route maritime du commerce oriental)

L'Egypte antique semble avoir eu peu d'intérêt pour la Mer Rouge (même avant que Moïse y ait sévi). L'expansion de l'Egypte s'est faite surtout du côté de la Méditerranée (delta du Nil)et de la Syrie en particulier. Pourtant on a découvert que bien avant le canal de Suez des dynasties ont entrepris de creuser un canal reliant la Mer Rouge à la Méditerranée. (à étudier).

La Mer Rouge possède deux rives, l'une donnant sur la Somalie et l'Egypte, l'autre sur la péninsule Arabique. Les gréco-macédoniens qui ont conquis l'Egypte (dynastie des Ptolémée)ont donné à cette mer le nom d'Erythrée. En regardant la carte de l'Egypte, on constate qu'il est possible de rejoindre l'Océan Indien par voie maritime.

Un manuscrit byzantin du 10e siècle du fonds d'Heidelberg et une copie au British Museum du 14e siècle relatent les explorations faites au début de notre ère vers le sud de cette mer d'Erytrée.
L'exploration se fait à proximité des côtes et en recherchant des possibilités d'escale. A l'Est les explorateurs byzantins ont affaire à des tribus arabes, à l'Ouest à des peuples soudanais qui vivent en petits royaumes.
Dans un premier temps c'est la côte africaine qui est explorée : l'Azania (d'où le nom de Tanzanie).
Les noms des villes, comme leur existence changent avec le temps : il est presque impossible d'identifier correctement celles qui sont décrites sinon par la description de détails géographiques.
C'est ainsi que les gréco-romains qui ont entrepris ce voyage arrivent à Aden au Yemen au sud de la péninsule arabique.
Tout ne doit pas être facile dans ces conditions de concurrence, et ce périple d'Erythrée comporte bien des périls dans la Mer Rouge même et dans l'Océan Indien, car, passé  Socotra,  île au large du Yemen, nommée Dioscoride par les égypto-byzantins (oui, les byzantins ont dominé l'Egypte après les grecs dont la dernière reine fut Cléopâtre...) tempête et pirates vous attendent...

De cette île de Socotra qui fut un comptoir byzantin jusque 639 et devint ensuite arabe musulmane il était possible de pratiquer  la navigation côtière en suivant le golfe persique (mer d'Oman), et échanger des produits venant de l'Afrique australe ce que  pratiquaient les boutres arabes ? Les plus audacieux pratiquaient  la  navigation hauturière dans l'Océan indien.jusqu'aux côtes de … Malabar ! Soit l'Ouest de l'Inde dont l'ancienne Calicut (dans l'Etat actuel du Kérala) est un port important.
Or cette zone de l'Inde est en relation commerciale avec la Perse et par le Pamir, la Bactriane !!
Plus étonnant encore, la description des côtes indiennes mentionne l'île de Ceylan et le Gange dont l'estuaire se situe au Nord-Est de l'Inde. Les sogdiens de l'antiquité tardive y étaient peut-être déjà !

On se souviendra également de l'armada chinoise de Zhang He qui est allée jusqu'à la côte africaine après avoir dépassé l'Indonésie ! Cette aventure fut sans lendemain pour des raisons politiques et financières, mais il est hors de doute que la route maritime des Epices d'Egypte grecque ou arabe, était active bien avant l'arrivée des Portugais et autres européens.

Le trafic de la soie a été un épiphénomène dans un ensemble de relations commerciales à plus ou moins longue distance et qui consistait à acheter et vendre avec bénéfice des produits précieux comme l'Ivoire, les pierres précieuses, la soie, l'encens, ou très utiles comme les épices, les esclaves, les chevaux. Le christianisme s'est également propagé en Inde par la voie maritime... avant les Jésuites au 15e siècle.

Des romains, qui occupaient la Syrie actuelle, auraient réussi à atteindre la Chine par voie maritime :
C’est une recherche intéressante à effectuer …

le coin de Jean Claude :Un obstacle difficile a franchir - la langue !



Un obstacle essentiel  à franchir : la langue !

Pour commercer sur la route des caravanes, il faut être bien renseigné, avoir des amis, et connaître les langues.
La langue la plus utilisée entre la Syrie et la Perse au début du millénaire était l’Araméen
qui a donné par la suite le Chaldéen et le Syriaque et dont l’alphabet a été adopté par l’hébreu et l’arabe. Dans la Genèse, Aram est un fils de Cham qui s’installe en Syrie. Jésus parlait l’araméen. Le Grec était connu des élites culturelles, beaucoup de grecs étaient restés en Asie au temps de l’installation romaine. Les grecs étant commerçants leur langue est très utilisée.
De l’autre côté de l’Asie une langue iranienne fut imposée par l’activité commerçante et diplomatiques du peuple sogdien nomades installés à Samarkande mais ayant encore de nombreux échange avec les nomades turks.  
Ceux-ci leur ont emprunté des éléments pour leur texte fondateur. Les ouighours et les ouzbeks ont été influencés par leur culture. Le sogdien devient langue universelle  et sert de base aux traductions. Les sogdiens deviennent interprètes et diplomates.
Au sud, plus en contact avec l’Inde, le persan ou pahlavi fut la langue d’une abondante littérature notamment religieuse (le zoroastrisme). Le tadjik (persan) succéda au sogdien comme langue vernaculaire et le resta malgré la prépondérance de l’Arabe sur la littérature, la science, la religion, à partir du  7e siècle de notre ère.
Outre le grec et le latin, certaines langues continuent de vivre aux limites de l’Empire arabo-musulman : le grec et le latin, le Persan qui fut adopté par les Turks comme langue littéraire, le kurde et l’hindi.
 Quant au Chinois (mais quel chinois, à l’époque du Bouddhisme et de la soie, sa connaissance était un avantage sans doute appréciable …)