lundi 19 février 2018

le coin de Jean Claude : les voyageurs de la Route de la Soie



Les Voyageurs de la RS

Religieux, cartographes, diplomates et marchands : quels voyageurs ?
Marco Polo n'est pas le premier voyageur connu à avoir effectué un voyage d'Europe en Chine.
Le franciscain Jean du Plan Carpin  envoyé par le pape en 1245 vers les Mongols, laisse de son voyage une grande description de l’Asie centrale. Ce franciscain gagne Kiev en Ukraine, qui est occupée par une garnison des Mongols de la Horde d'Or.  Batu Khan (neveu d'Ogodai, fils de Gengis Khan) le fait escorter jusqu'à Karakorum. A son arrivée, il assiste au couronnement du nouveau Khan, Guyuk, et s'aperçoit qu'outre un Européen, il rencontre des chrétiens nestoriens de l’Eglise de Syrie. Sa mission suscite de la part du Khan de l'incompréhension de par l'arrogance du pape, de par un système politique incompréhensible pour lui.
André de Longjumeau  envoyé en 1245-1247 et de 1249 à 1251 est un moine dominicain envoyé par  le pape Innocent IV vers les princes mongols auxquels il doit remettre une correspondance. Il rapporte que des moines nestoriens (de l’église syrienne) sont employés par le khan pour des missions administratives. Des chrétiens sont donc admis à la cour mongole. Par contre des négociations de paix passent nécessairement pour les Mongols par une soumission. Longjumeau s’arrête à Tabriz.
Guillaume de Rubrouck prend connaissance de ces rapports.
Guillaume de Rubrouck (Rubroek) envoyé par Saint Louis 


en 1254 est un franciscain, venant de Flandres.  Il constatera lui aussi qu'à la cour du Khan (qui a déjà changé, il s'agit de Mongke) on peut rencontrer des Nestoriens (chrétiens d'Orient) des musulmans, et des » idolâtres » (il s’agit en fait de bouddhistes à cause des représentations du Bouddha). La mission de Guillaume de Rubrouck consiste à rechercher l'alliance stratégique du Khan dans une lutte commune contre les musulmans, et si possible la conversion du Khan au christianisme. Le périple de Guillaume de Rubrouck passe par : Acre, Constantinople, la Crimée, Sarai, le lac Baïkal près de la Volga, et atteint la région de Talas (sans passer par Boukhara ni Samarcande, passe par le Taclamacan pour arriver à Karakorum, capitale Mongole fondée par Ogodeï,  fils de Genghis. Karakorum  ne possède pas de monuments, ni de forteresse impressionnante, et pourtant elle est un lieu de rendez-vous de tous les peuples qui sont en relation avec l'Empire : c'est un immense site de campements. Karakorum restera capitale mongole jusqu'à ce que Kubilai Khan installe sa capitale en Chine à Kanbalik (qui deviendra Pékin) en 1260.          
Guillaume de Rubrouck écrira en latin pour Saint Louis un Voyage dans l'Empire Mongol très bien documenté mais qui ne sera pas beaucoup diffusé. Cette œuvre est reconnue pour être à la fois rigoureuse, bien documentée et d'une grande utilité (géographie, mode de vie des peuples, religions etc).
Voyages de Marco Polo :
En 1271 Marco Polo fils de marchands vénitiens part avec son père et son oncle vers l'Extrême Orient dont il ne rentre qu'en 1295. Ses récits de voyage où il décrit les coutumes et curiosités des pays qu'il a traversés, de la Route de la soie jusqu'en Chine et de la vers des territoires vassaux du Khanat de Mongolie et jusqu'en Inde, vont avoir un énorme succès.            
 Le nouvel empereur de Chine est le frère de Mongka à qui il a succédé. Il est en même temps le Grand Khan  Kubilai          
On en parlera plus tard car c’est une longue histoire !
Voyage d'Odoric de Pordenone (1286-1331) envoyé en Orient vers 1316-1318 et qui en reviendra vers 1329-1330. Son voyage, qui a pour but de visiter les missions franciscaines qui se sont répandues en Orient, passe par Venise, Constantinople, Trébizonde, Tabriz, , Yazd* puis bifurque vers le Sud par Persepolis, Shiraz, Bagdad, Ormuz, par mer jusqu’à Bombay (où il récupère les reliques de 4 frères qui ont été tués sur ordre du gouverneur musulman), puis à partir de Madras, vers  Java, Bornéo, vers la Chine où il arrive à Hangzhou ville énormément peuplée pour l'époque. Enfin par le Grand Canal de Chine, il arrive jusqu'à Kanbalik (Pékin). La description de ce qu'il a observé en Indonésie et sur la péninsule indochinoise  est assez proche de ce qu'en a donné Marco Polo.
 
Voyages de Ibn Battuta  (p 282)à partir de 1325 . né à Tanger en 1304 et mort en 1377 à Marakech, Ibn Battuta se rend à la Mecque à quatre reprises en suivant des chemins différents et en prolongeant son voyage par d'autres pays.
En 1325 du Maghreb à la Mecque : il visite le Nil (Alexandrie et sa bibliothèque en particulier) la Syrie, l'Irak et l'Iran (Mésopotamie et Perse). Nous sommes encore à cette époque à l'Ere des croisades, reprise de Jérusalem par les musulmans (Dôme du Rocher) importance stratégique de villes comme Alep(citadelle), Damas. (mosquée des Omeyades)
. En1328 2e pélerinage par la péninsule arabique. Il constate que Bagdad a été ravagée par les Mongols de Ulagou, et que Tabriz qui s'est rendue sans combattre est devenue prospère. En 1330, 3e pélerinage , avec exploration de la Turquie, de la Mer Noire, de l'Asie centrale jusqu'en Inde, Ceylan, Sumatra, la Malaisie... et la Chine à Pékin/Kanbalik. Ce dernier voyage recoupe en partie celui des Polo père et fils. Il décrit ce qu'il y a observé, notamment la houille, les billets de banque(inventés par la dynastie Mongole), la porcelaine, la laque, ainsi que les méthodes de contrôle de la population (douanier et policier)par le pouvoir sino-mongol.En 1349 et jusqu'en 1354, il rejoint La Mecque par le Sahara et l'ancien Mali.
Mais d’autres voyageurs fameux sont venus de Chine :
Bien sûr le Général Zhang Kien qui en mission diplomatique et de renseignement est sorti de Chine par les déserts du Nord-Ouest pour découvrir le monde de l’autre côté des murailles de Chine et si possible de l’autre côté des ennemis XiongNu pour tenter de nouer des alliances et fut fait prisonnier.
D’autres chinois se sont ainsi « échappés » : le moine bouddhiste Fa-Xian (337-422) part de Chang’an la capitale de l’époque traverse le désert de Gobi, arrive à Khotan (sud du Taclamacan), arrive par les chemins difficiles que l’on sait jusqu’à la région de Kaboul et de la vers la Vallée du Gange. Sa quête , Les textes sacrés bouddhistes et leur traduction en chinois, l’exploration géographique et historique, la rencontre de sages et de savants. Il passe par Ceylan (sans doute pour reprendre la route par voie maritime, mais je n’ai pas pensé à le lui demander).
Xuan Zang (602-664) moine bouddhiste érudit, ayant des doutes sur la qualité de certaines traductions (du sanscrit au chinois) décide de se rendre (clandestinement car la Chine vient de fermer sa frontière) sur les lieux de la prédication de Siddharta (le Bouddha) au Nord de l’Inde. Gobi, Lanzhou, Turfan (Nord du Taclamacan)et par les contreforts Ouest de l’Himalaya, l’Inde. Voir la fiche pédagogique « Un moine légendaire » ; il est très connu en effet en Chine et les pays voisins bouddhistes…
Zheng Wen Ming  (635-713) moine bouddhiste sous la dynastie Tang décrit ses voyages vers l’Indonésie et l’Inde de l’Est.
Les derniers venus parmi ces voyageurs -  et sans parler de tous les aventuriers et commerçants qui auront l’occasion de pénétrer en Asie notamment par voie maritime lors des expéditions lancées par les « compagnies des Indes orientales » des pays européens (Portugal, Espagne, France, Hollande et Angleterre) sont des scientifiques en mission d’exploration du passé (parfois en mission de renseignement). Géographes, cartographes, historiens, bref : archéologues. Ces archéologues tenteront de retrouver les traces de villes et de civilisations disparues mais dont ils ont eu connaissance par les livres et manuscrits grecs, syriens, arabes, persans, et chinois.. 

(la suite avec : Les explorations modernes de la Route de la Soie)

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